Dirigeant de TPE/PME : comment être résilient ?
Aujourd’hui la résilience des dirigeants de TPE (Très Petites Entreprises) et PME (Petites et Moyennes Entreprises) s’impose comme une qualité indispensable. Cette capacité à rebondir face à l’adversité, à s’adapter au changement et à persévérer malgré les obstacles est devenue un facteur clé de succès pour la survie et la croissance des petites structures entrepreneuriales. Je vous raconte mon parcours de directeur général d’une « petite mutuelle ».
Les composantes de la résilience
La résilience, en ce qui me concerne, s’est manifestée à travers plusieurs aspects essentiels et notamment les suivants :
1- L’adaptabilité
Les dirigeants résilients sont capables de s’adapter rapidement aux changements de leur environnement. Ils savent remettre en question leurs modèles d’affaires, leurs processus et leurs stratégies pour répondre aux nouvelles réalités du marché. Cette flexibilité leur permet de saisir de nouvelles opportunités et de transformer les défis en leviers de croissance.
Je suis directeur général dans une structure qui, à mon arrivée en 2018, était d’une taille modeste. Environ 10 000 adhérents en complémentaire santé alors que les concurrents sont à plusieurs millions d’adhérents. Evidement nous ne pouvons pas gérer de la même manière et quand on dirige une petite organisation, il faut s’adapter et je dirai même « être agile ». C’est ce que je fais au quotidien. Oui oui au quotidien … Je m’adapte aux urgences et aux situations au jour le jour.
Vous savez vous faites une liste le matin et le soir vous constatez que la liste est toujours la même car vous avez du gérer des urgences et des dossiers non programmés.
2 – La gestion du stress et des émotions
Face aux pressions quotidiennes et aux situations de crise, les dirigeants résilients doivent maîtriser leurs émotions et gèrent efficacement leur stress. Cette compétence leur permet de prendre des décisions éclairées, même dans des contextes difficiles, et de maintenir un leadership stable et inspirant pour leurs équipes.
C’est facile à dire et à écrire. J’avoue que c’est plus difficile à appliquer. J’ai appris à gérer mon stress avec le temps et de l’accompagnement. J’ai appris à gérer mes émotions à la suite d’une formation sur deux ans que j’ai suivi pour devenir médiateur. Les émotions, il faut en effet les écouter, les décrypter et en faire des alliées. Ce n’est pas inné. Cela, à mon sens s’apprend. Dommage que souvent dirigeant et DRH ne les inscrivent pas dans le catalogue des formations à suivre pour les managers et les collaborateurs.
Depuis quand je suis face à une situation stressante, j’ai appris à prendre 5 minutes. Je m’isole, je respire, je me calme et j’énonce des phrases positives. Je reviens ensuite vers les équipes et je peux les rassurer en leur indiquant que tout va bien se passer. Nous réfléchissons ensuite à régler le problème et à trouver les solutions.
3 – La vision à long terme
Malgré les turbulences à court terme, les dirigeants résilients gardent le cap sur leurs objectifs à long terme. Ils sont capables de prendre du recul, d’analyser les situations dans leur globalité et de maintenir une perspective d’avenir positive, ce qui les aide à traverser les périodes difficiles.
Je m’arrêterai sans doute à la vision positive. Dans ma structure et à la suite d’évolutions règlementaires, nous avons perdu la moitié de nos adhérents. En deux ans nous sommes passés de 10 000 adhérents à 5 000. Un coup dur pour la mutuelle mais je n’ai jamais pensé que nous allions disparaître. Bien au contraire. J’ai travaillé avec les équipes et le Conseil d’administration afin de transformer et d’améliorer les process pour assurer la pérennité de la structure. Je devais me distinguer de mes concurrents. J’ai misé sur la proximité et la relation humaine. Deux choses qui disparaissent de nos jours. Nous avions une vision à laquelle nous croyions.
4 – La créativité et l’innovation
La résilience s’exprime également à travers la capacité à innover et à trouver des solutions créatives aux problèmes. Les dirigeants résilients encouragent la créativité au sein de leur organisation et n’hésitent pas à explorer de nouvelles approches pour surmonter les obstacles.
Peu importe le contexte, la créativité peut s’exprimer sans nécessiter de ressources financières.
Les défis spécifiques aux TPE et PME
Les dirigeants de TPE et PME font face à des défis particuliers qui mettent à l’épreuve leur résilience. Mes défis sont depuis quelques années les suivants :
5 – La gestion des ressources limitées
Contrairement aux grandes entreprises, les TPE et PME disposent souvent de ressources financières et humaines limitées. Les dirigeants doivent donc faire preuve d’ingéniosité pour optimiser l’utilisation de ces ressources et maintenir la compétitivité de leur entreprise.
Pour optimiser mes ressources limitées, :
- J’utilise un logiciel de gestion de projet collaboratif pour maximiser la productivité de l’équipe.
- Je forme les collaborateurs à être polyvalents, capables de travailler sur différents aspects de dossiers.
- Je sous-traite certaines tâches spécialisées (comme l’actuariat) à des cabinets spécialisés plutôt que d’embaucher à temps plein.
6 – La polyvalence requise
Dans une petite structure, le dirigeant est souvent amené à porter plusieurs casquettes. Cette polyvalence peut être source de stress et d’épuisement, nécessitant une grande capacité d’adaptation et de gestion du temps.
Dans ma journée type, je peux :
- Commencer par examiner les finances avec mon expert-comptable.
- Rencontrer ensuite un adhérent et répondre à ses demandes.
- Animer un webinaire sur les nouveautés de l’année prochaine.
- Rédiger des articles pour la magazine trimestriel et préparer la newsletter.
- Poursuivre par la rédaction d’un procès-verbal et répondre aux messages de la journée.
Pour gérer cette polyvalence, je m’organise et je me laisse des plages horaires pour avoir du temps où je peux me concentrer. Je délègue également certaines tâches aux collaborateurs les plus expérimentés.
7 – La concurrence accrue
Face à des concurrents plus grands et mieux dotés en ressources, les dirigeants de TPE et PME doivent redoubler d’efforts pour se démarquer et maintenir leur position sur le marché.
Pour se démarquer des grandes structures mutualistes ou assurantielles :
- Je mise sur un service personnalisé et une relation client forte.
- Je me spécialise dans un secteur de niche (par exemple, les start-ups tech locales).
- Je développe des partenariats stratégiques.
- J’investie dans la formation continue de mon équipe pour rester à l’écoute des besoins et attentes des adhérents.
Stratégies pour développer la résilience
Pour renforcer leur résilience, les dirigeants de TPE et PME peuvent mettre en œuvre plusieurs stratégies :
8 – Cultiver un réseau de soutien
Il est crucial pour les dirigeants de s’entourer d’un réseau solide, comprenant des pairs, des mentors et des experts. Ce réseau peut offrir un soutien émotionnel, des conseils précieux et des opportunités de collaboration. Faire partie d’un réseau est primordial pour échanger et ne pas se sentir seule.
9 – Investir dans la formation continue Encourager une culture d’apprentissage
La formation continue permet aux dirigeants de rester à jour sur les tendances du marché, d’acquérir de nouvelles compétences et d’élargir leur perspective. Cela renforce leur capacité à s’adapter et à innover.
En instaurant une culture d’apprentissage au sein de mon organisation, je favorise l’innovation et l’adaptabilité. Cela implique de valoriser les expériences, même les échecs, comme des opportunités d’apprentissage.
L’impact de la résilience sur la performance de l’entreprise
La résilience des dirigeants a un impact direct sur la performance et la pérennité des TPE et PME. Pour ce qui me concerne, il ne faut pas négliger les sujets suivants :
1 – Une meilleure gestion des crises
Les entreprises dirigées par des leaders résilients sont mieux préparées à faire face aux crises. Elles sont capables de réagir rapidement et efficacement aux perturbations, minimisant ainsi leur impact négatif.
Pour améliorer la gestion des crises, voici mes conseils :
- Je mets en place un plan de continuité d’activité, prévoyant des scénarios pour différents types de perturbations.
- J’organise régulièrement des simulations de crise avec mon équipe pour tester et améliorer leurs réactions.
- Lors d’une panne informatique majeure, je reste calme et guide mon équipe pour mettre en place un système d’opérations manuelles temporaires, minimisant ainsi l’impact sur le service client.
- Je maintiens une communication transparente avec mes adhérents pendant les périodes difficiles, renforçant ainsi la confiance et la fidélité.
2 – Une équipe plus engagée
Les dirigeants résilients inspirent confiance et motivation à leurs équipes. Leur capacité à rester positifs et déterminés face aux défis crée un environnement de travail plus stable et engageant pour les employés.
Pour inspirer et motiver mon équipe :
- J’organise des réunions hebdomadaires où je partage ouvertement les informations sur la vie de l’entreprise, encourageant la participation de tous.
- Je mets en place un système de reconnaissance des salariés, célébrant les efforts individuels et collectifs.
- Je reste accessible et à l’écoute, prenant le temps de discuter individuellement avec chaque membre de l’équipe pour comprendre leurs préoccupations et leurs idées.
3 – Une meilleure adaptation aux changements du marché
La résilience permet aux entreprises de s’adapter plus rapidement aux évolutions du marché. Les dirigeants résilients sont plus à même de détecter les opportunités émergentes et de pivoter leur stratégie en conséquence.
Pour s’adapter rapidement aux évolutions du marché, je préconise :
- de surveiller constamment les tendances du secteur et les comportements des adhérents, d’utiliser des outils d’analyse de données pour prendre des décisions éclairées.
- d’encourager une culture d’innovation au sein de l’entreprise, organisant des sessions de brainstorming mensuelles pour générer de nouvelles idées.
- de mettre en place un système de feedback client en temps réel, permettant d’ajuster continuellement l’offre de l’entreprise.
Comment allez plus loin ?
La résilience des dirigeants de TPE et PME est un atout inestimable.
Cependant, il est important de reconnaître que la résilience n’est pas innée pour tous. C’est une compétence qui se développe avec le temps, l’expérience et un effort conscient. Les dirigeants de TPE et PME doivent donc considérer le renforcement de leur résilience comme un investissement essentiel dans leur développement personnel et professionnel.
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